Le projet était présenté dès 2021 comme une association inédite entre son financement majoritairement privé et sa gestion, accordée à la compétence de la commune de Combrit Sainte-Marine. C’est un espace unique, volontairement indépendant, s’imprégnant de l’héritage culturel de la ville et de l’ancienne école de jeune fille dont il investit les lieux. Le centre est imaginé comme un lieu de recherche et d’expérimentation collective dans l’ensemble des domaines des arts nouveaux et expérimentaux.
C’est une mise en scène de toute l’imagerie populaire bretonne, raconté en série, à travers le regard des photographes Anatol Rurac, Henry Arzhel, Bernard Tuck, Frank Kirsten et Derek Torsani.
La typographie est imaginée pour l’occasion, calquée de l’entête du bâtiment et inspiré du lettrage de la coque des navires de la fin du XIXe.
CULTURE ET SUPERSTITIONS
Une aspiration globale résulte des traditions et superstitions des marins de l’époque. Elle modèle une partie de l’esthétique du CAE.
Pour nommer un navire, ou pour son immatriculation, il est nécessaire de faire apparaître des lettres sur la coque. Certaines lettres ont des sections plongeantes comme A ou E, au contraire du C.
Au XIXe siècle, la superstition règne chez les pêcheurs-marins, il est important de ne pas « provoquer » ou « agresser » la mer. Les chiffres arrondis (le 0, le 2, le 3, le 5, le 6, le 9) sont considérés comme favorables. Les chiffres raides, à fût plongeant vers la mer (le 1, le 4 et le 7), sont considérés comme « non-pêchants » ou dangereux. Les chiffres non-pêchants sont si redoutés que certains patrons retardent la demande d’immatriculation de leur navire, jusqu’à l’arrivée d’un numéro favorable.
On décide plus tard de contourner la difficulté en terminant les fûts des chiffres raides par des empattements très arrondis, formant des « barbes » plutôt semblables à des moustaches ou à des crochets. Ainsi munis d’hameçons, les 1, les 4 et les 7 deviennent des « chiffres pêchants».
L’icône née de cet héritage, présentée aussi simplement qu’elle parait, d’abord conceptuelle, parfois figurative pour autant : la moustache qui sourit.
L’identité est structurée, optimisée même, pour les acteurs, bénévoles et exécutifs. Un ensemble d’objets est imaginé pour la médiation interne du centre (gestion, archivage, lettres, mails, typographies spécifiques...), un autre pour la médiation externe (cartes de visite, gabarits...). Ainsi, c’est un jeu entre deux axes stylistiques complémentaires, interdépendants mais pouvant s’associer.
CAMPAGNES DE PROXIMITÉ
Les campagnes de proximité sont volontairement intimistes, toujours romancées, à la manière d’Émile Zola qui séjourne quelque temps, avec sa famille, à la villa Kerbirinik ; il écrit : « Notre isolement est absolu, il faut aller chercher les provisions et la correspondance en barque, comme si nous étions dans une île ».
VISUEL CLÉ INTERACTIF
Pour marquer la proximité si particulière du CAE avec le port de Sainte-Marine et la manière dont la nature océanique infuse et rythme sa politique de sensibilisation aux enjeux climatiques, la campagne met en évidence un visuel clé interactif, récurrent, et placé à l’entrée du centre.
C’est un symbole d’expressivité, d’expérimentation, un gribouillage assumé puisqu’il est le fruit, non pas de la main de l’homme, mais des variations de la côte océanique, à quelque mettre de la rive. La figure évolue ainsi indépendamment, tous les jours, en fonction de la production primaire nette de biomasses.
Les données sont collectées via les bouées de ‘Copernicus’, un programme de l’Union européenne pour la collecte et la restitution des données sur l’état de la Terre.
Responsable de mission :
Clément Rigaud
Chargé de mission :
Clément Rigaud
Création :
Noémi Brousseau
Claude Dagenais
Remerciement :
Erik Gibelin
Photographie :
Anatol Rurac
Henry Arzhel
Bernard Tuck
Frank Kirsten
Derek Torsani
Habillage :
Jessica Furtney
Markus Spiskeur